Carol HEITZ ✞
- Historien de l'Architecture
- Année d'intégration :
Né en 1923 ; décédé en 1995.
Originaire de Brasov, en Roumanie, mais naturalisé français après guerre, c’est en France que Carol Heitz accomplit la totalité́ de son cursus universitaire. Un cursus de germaniste: Heitz enseigne l’allemand dans le secondaire et le supérieur, à Nancy principalement, de 1948 à 1966. Cependant que dans le même temps, son autre vocation le mène au doctorat de 3e cycle en 1961, avec une recherche – suscitée par Pierre Francastel – sur les rapports entre architecture et liturgie à l’époque carolingienne. Le doctorat d’État, soutenu en 1978 à Paris-X étudie, au-delà̀ de quelques cas exemplaires, l’ensemble de l’architecture religieuse de la fin du VIIIe siècle aux environs de an mil. En rapport direct avec cette radicale réorientation, Heitz s’est successivement vu confier une charge d’enseignement de l’histoire de l’art à la Faculté́ des Lettres et au Centre d’études supérieures de la civilisation médiévale de Poitiers, puis à l’Université́ de Paris X-Nanterre ; et après avoir été́ l’un des créateurs du département d’Histoire de l’art dans ce dernier établissement, il y devient professeur de 1978 à sa retraite, en 1992. Après avoir été à́ la tête de l’université́ de Poitiers, il prend en charge les destinées de Paris-X (1981-83) et il préside l’Association des professeurs d’Histoire de l’art et d’archéologie des universités françaises de 1974 1976. Il est, à partir de 1982, un membre particulièrement actif de la Commission supérieure des Monuments historiques
L’apport scientifique de Heitz consiste avant tout en ses deux thèses respectivement publiées en 1963 et 19801 et qui ont renouvelé́ les études de l’architecture médiévale. Car dans un contexte où prévalaient nettement les considérations sur une vie quasi-autonome des formes – c’était l’incontournable héritage de Focillon – Heitz a vigoureusement souligné l’importance des fonctions dans les partis pris de l’édifice. En cela, il a reéancreé l’architecture dans l’histoire religieuse, ouvrant aux médiévistes d’aujourd’hui une perspective stimulante ; modernistes et contemporanéistes feront également un large profit une démarche de ce type. Heitz lui-même envisageait ces prolongements : n’ avait-il pas avant de centrer son attention sur l’époque pré-romane, entamé une recherche sur l’architecture baroque en Europe centrale ?
L’évocation de l’œuvre de Heitz ne saurait être séparée de celle de sa personnalité.́ Une chaleur humaine peu commune, et une capacité́ tout aussi rare à la communication d’un profond savoir, en sont incontestablement les traits majeurs : ils ont frappé tous ceux qui ont eu la chance de la cotoyer. Mais la réputation s’en était diffusée dans un cercle bien plus large et un tel rayonnement contribuera pérenniser le souvenir de cette très grande figure.
Jean-Pierre Caillet
1. Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l’époque carolingienne, Paris 1963; L’architecture religieuse carolingienne Les formes et leurs fonctions, Paris, 1980. On mentionnera également parmi ses nombreuses autres productions ouvrage de synthèse sur La France pré́-romane, Paris, 1987.
Source : http://www.persee.fr/docAsPDF/rvart_0035-1326_1996_num_111_1_348257.pdf Caillet Jean-Pierre. Carol Heitz (1923-1995). In: Revue de l’Art, 1996, n°111. p. 95